Avis d'internautes : En vérité

Spectacle de Dieudonné à Strasbourg le 29 mars 2019 Il y a des signes qui ne trompent pas… Quand on laisse la caisse avec l’argent ouvert, quand on demande aux gens de ne pas filmer et qu’aucun ne filme, quand on emmène sa chaise à l’autre bout du monde pour voir le spectacle… Et quand on a les zygomatiques un peu crispés de ne plus avoir autant souri de bonheur à la fin. Dieudonné ; donc les gens contents, heureux; il se passe un frisson d’énergie le long de l’épine dorsale et on sent que quelqu’un est là, et, surtout au niveau de la cage thoracique il y a quelque chose qui s’ouvre; ah oui, ça s’appelle le cœur, il ne sert pas qu’à pomper celui là ? Dieudo et son spectacle en vérité. Déjà le décor est planté là, nous sommes assis en face de la mer, ou dans la forêt près d’une rivière et nous communions silencieusement au spectacle de la beauté du monde assis avec notre ami Dieudo qui porte en lui toutes les humanités. Surtout celles qui sont petites, pas bien nées, opprimées ou banales. On va dire de l’asiatique au taulard, du pépé camerounais au reubeu un peu allumé… Dieudo est un mec simple, il voyage en camping car et mange de la pizza. Dieu qui a été donné se donne, il ne compte pas, ne calcule pas sa peine et son courage. Il sillonne les routes de la France. Il nous voit, nous observe et trie le bon grain de l’ivraie, instantanément. Dieudo c’est un corps aussi : massif, chaleureux, solide. Un corps de lutteur, les deux pieds bien ancrés au sol, les deux mains comme des grosses paluches qui caressent les têtes des enfants ou les fesses des femmes. C’est une bouche gourmande sans doute et des yeux qui roulent et s’ouvrent, se meuvent a plaisir lorsque le maître de la comédie en joue comme de son instrument favori. Un corps souple et affranchi pour quelques instants de la pesanteur. Dieudonné c’est une ballerine qui se glisse dans les personnages avec douceur et rapidité… Quand il parle, c’est comme si une douche de bonheur parvenait à notre cœur : un douche rafraîchissante et paisible qui le lave de la saloperie du monde. Comme son pépé au bord de la rivière…En face de la nature, en osmose avec elle. C’est d’ailleurs de ça que ça parle son spectacle, de la vérité de l’être humain face à la nature, de ce que ça fait d’être en et avec elle. Les spectacles de Dieudo sont faits comme des voyages ou on rencontre des petites tranches de vies : ciselées, enchâssées et parfaites en soi. L’accent est mis, mais pas trop, le trait est brossé avec énergie et un talent extrême, un véritable don pour se mettre dans la peau du personnage. Il est habité de l’intérieur, de peau en peau, de cœurs en cœurs, on saute avec une joie enfantine, parfois avec effroi aussi, mais c’est ça l’humanité. Dieudo et la liberté ; face à l’embrigadement forcé de l’école, face à la bien-pensance et au politiquement correct. Alors Dieudo se lâche aussi bien sur, il a traversé comme nous tous tellement de tempêtes qu’il s’en est fait un navire sur lequel il vogue, avec allégresse et un petit peu, tout petit peu d’acrimonie, c’est bien normal qu’il lui en reste, il en reçoit tellement aussi, qu’un peu de sa peine transpire, nous touche et nous fait rigoler… Dieudonné le lucide et le fâché. Dieudonné le jubilatoire et l’outrancier. Dieudonné le tendre et le tranquille. Au bout du voyage, comme une métaphore de lui-même, il mime sa propre vieillesse et rend un hommage touchant à tous ses enfants et à sa femme. Et comme on se sent nous aussi un peu comme tous ses enfants, on est englobé dedans, avec tendresse et amour, dans la lumière bleue de la fin du spectacle…. A la prochaine mon papa d’un soir ! Et, comme une promesse personnelle que je lui ai faite, les yeux dans les yeux : on lâche RIEN !